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LE TEMPS

que, plutôt que de souffrir qu’elle répondît à ses desirs, elle étoit résolue de la poignarder, & aussi-tôt de percer son propre sein.

Le premier de ces points n’avoit rien de terrible pour Faramine ; au contraire, si Balkir s’en fût tenu là, elle en auroit été charmée, & même lui en eût de bon cœur épargné la peine ; mais la mort que cet amant lui faisoit envisager pour lui-même, changeoit la face des choses, & la forçoit à craindre la perte de sa rivale, puisqu’elle devoit entraîner celle de l’objet de ses feux : ainsi, loin d’approuver le moyen qu’il proposoit pour empêcher une union qui les offensoit également, elle s’opposa vivement au dessein de Balkir ; & le prenant naturellement au piege que cette Princesse lui tendoit, elle lui proposa de faire sauver une sœur pour qui elle avoit tant d’inquiétude, & lui promit de la mettre en liberté la première fois que son époux iroit à la chasse, disant qu’elle lui donneroit un cheval & une fille pour l’accompagner, tandis que Balkir, supposant qu’elle y trouvoit mille inconvénients, feignoit toujours de croire qu’il seroit plus prompt & plus facile, après avoir tué Merille, de se donner la mort pour éviter la fureur de Broukan-