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LE TEMPS

La boule y dirigea sa route, ce qui mit le comble à leur joie ; mais ayant repris sa premiere rapidité, ils furent forcés de courir pour la suivre, & pour ne la pas perdre de vue. Malgré le repos que Merille avoit pris depuis quelques jours, se trouvant plus fatiguée que les autres, & ne pouvant aller aussi vite, elle resta derriere, & le tendre Benga ralentit sa course, afin de ne pas la laisser seule : cependant ils se pressoient assez pour voir toujours le chemin que tenoient leurs freres, & ils les virent entrer dans le Palais, dont la porte s’ouvrit au coup que donna la boule en y frappant, ce coup ressemblant à celui du tonnerre. Benga & Merille en entendirent le bruit, quoiqu’ils en fussent assez loin.

La porte s’étant refermée à l’instant, ne sembla pas d’un trop bon augure à l’un ni à l’autre, & détruisit en quelque sorte l’espoir qu’ils avoient eu d’y trouver l’heureux Temps.

Que signifie cette porte qui se ferme si brusquement, s’écria Merille ? de nouveaux malheurs nous attendent-ils là-dedans ? Je ne sais, reprit le Prince ; mais le cœur me dit qu’il n’y a rien de bon à espérer de cette aventure, & je ne crois pas qu’il soit prudent de vous y exposer