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ET LA PATIENCE.

avant de connoître ceux qui y habitent : restez ici, belle Merille, ajouta-t-il, tandis que j’irai apprendre ce que nous avons craindre ou à espérer.

Quoi, généreux Benga, reprit-elle toute émue, vous voulez m’abandonner seule dans cette solitude ? demeurez avec moi, de grace, & attendons à demain : il est vraisemblable que, de même qu’au Château de Broukandork, on viendra nous chercher pour nous secourir, ou pour nous faire esclaves ; si nous n’avons aucunes nouvelles des Princes & de Balkir, ajouta-t-elle tristement, ce sera un signe certain qu’ils ont été faits prisonniers, & que, nous voyant échappés à leur infortune, ils n’ont pas voulu parler de nous pour nous épargner le même sort ; ou peut-être même, poursuivit-elle, en versant un torrent de larmes, ils sont morts. Ainsi, de quelque façon que nous envisagions la chose, nous ne devons pas nous exposer à les suivre avant d’être informés, de leurs destinées.

Les pleurs & les raisons de Merille étoient trop plausibles pour ne pas ébranler Benga, mais elles ne le purent déterminer. Convaincu que les freres de sa Princesse & sa sœur Balkir étoient dans ce lieu, il fut encore en quelque sorte