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ET LA PATIENCE.

goûter un moment de repos. La crainte des nouveaux malheurs dont elle étoit menacée, & l’appréhension d’être abandonnée par Benga l’occupoient trop, & lui firent enfin prendre la résolution de tenter cette périlleuse aventure, présumant, comme il étoit vraisemblable, que Zelima étant dans ce lieu lorsque la boule y avoit frappé, on ne lui avoit pas encore fait de mal, & se flattant que Balkir, les Princes & elle n’éprouveroient pas d’autres rigueurs que celle qu’elle supposoit qui se borneroit à les priver encore de leur liberté. La sienne lui étant trop à charge, si elle devoit être séparée de la compagnie & du secours de ceux avec qui elle étoit venue jusqu’en ce lieu, elle aimoit mieux se soumettre à partager leur destinée.

Ce dessein ainsi formé, Merille n’étant pas sujette à faire de plus longues réflexions, se leva doucement, s’éloignant de son cousin, en faisant assez peu de bruit pour ne le point éveiller, & prit au clair de la lune le chemin de ce Palais fatal, avec toutes les précautions propres à empêcher Benga de l’appercevoir. Etant arrivée, sans penser à reprendre haleine, elle frappa de toute sa force à la porte, qui ne tarda pas à s’ouvrir, de l’ayant