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LE TEMPS

persuadé que Zelima y étoit aussi ; la boule qui les conduisoit, n’ayant pas coutume de faire un tel bruit, lorsqu’il ne s’agissoit que de leur faire trouver un gîte. Ainsi, ne pouvant se résoudre d’abandonner sa famille, sans en savoir le sort, il consentit d’attendre jusqu’au lendemain, mais en protestant que, s’il ne les voyoit pas venir, ou s’il n’en avoit point de nouvelles quand le jour paroîtroît, rien ne feroit capable de l’empêcher d’aller s’en informer ; il projetta de conduire la Princesse dans quelques-unes des Cabanes rustiques qu’ils avoient trouvées en traversant la forêt, où elle devoit être plus commodément pour attendre son retour. Les oppositions qu’elle voulut mettre à ce dessein devinrent inutiles, ainsi que son amour & ses larmes, le Prince restant inébranlable dans un projet où il croyoit son honneur intéressé.

Malgré cette agitation, la nuit étant venue sans qu’ils apperçussent personne, la fatigue les accablant, Benga assembla de la mousse mêlée de fougere, dont il fit un lit à Merille ; après quoi, s’éloignant de quelques pas, il fut, par respect, se coucher sous un buisson, où il s’endormit à l’instant ; mais il n’en fut pas de même de cette Princesse, elle ne put