Page:Villeneuve - Le Temps et la patience, tome 2.djvu/42

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
36
LE TEMPS

cesse, que vous n’avez guere d’espérance de terminer vos malheurs que par la fin de votre vie… Mais, ajouta-t-elle, comme c’est le pis qui vous peut arriver, il ne faut pas vous presser d’anticiper ce remede violent ; observons, avant de le mettre en pratique, s’il ne nous viendra pas quelques moments aussi favorables qu’imprévus ; il faut toujours vous tenir en état d’en profiter.

Une telle espérance, aussi vague qu’incertaine, n’étoit pas capable de balancer la trop juste crainte dont le cœur de la Princesse étoit saisi. Mais malgré la violence de sa situation, elle n’oublia pas les freres de Balkir. Que sont devenus, dit-elle, les trois Cavaliers que j’ai vus de loin entrer ici ? Ce sont ceux que je cherche. Seroient-ils sortis, sans que je les eusse apperçus ? je ne les vois point.

Hélas ! ils n’y sont que trop pour leur malheur, reprit l’esclave. Ah ! ma bonne mere, s’écria Merille, en l’embrassant, faites, de grace, que je les voie. Que me demandez-vous, répliqua-t-elle ? l’état où ils sont ne servira qu’à achever de vous désespérer. Mais la Princesse persistant dans ses supplications, la vieille lui promit de les lui faire voir aussi-tôt qu’Angoulmouëk seroit sorti ; &, pour satis-