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ET LA PATIENCE.

excès du désespoir, la fit résoudre à prévenir la barbarie de son sort, & à se donner elle-même la mort.

Elle ne tarda pas à le mettre en devoir d’exécuter cette terrible résolution ; & tandis que la vieille Esclave alla recevoir son épouvantable Maître, elle prit ce moment pour se jetter contre terre, voulant se casser la tête, parce qu’elle n’avoit point d’autres armes.

Malheureuse Merille, se disoit-elle à elle-même, ne vaut-il pas mieux périr volontairement, que d’attendre une mort lente, aussi affreuse qu’inévitable ? L’Astrologue t’a prédit que tu ne trouverois qu’un Temps effroyable, & qu’il ne cesseroit de l’être qu’après que tu aurois servi de pâture à un monstre. Meurs donc, lâche, continua-t-elle, & songe que c’est le seul moyen qui te reste de terminer ta misere : la vie n’est-elle pas un assez grand supplice pour toi pour devoir l’abréger, ne peux-tu souhaiter de la conserver en envisageant les maux où tu as plongé ta déplorable famille ? Ah ! du moins, ajoutoit-elle, en redoublant ses larmes, fasse le Ciel que le tendre Benga ne vienne pas augmenter le nombre des infortunés que mon imprudence a faits !

Cette pensée renouvellant son déses-