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ET LA PATIENCE.

sa bonne volonté, & de s’arrêter en la voyant, ne courut qu’avec plus d’ardeur au-devant de son malheur, & fut à ses pieds avant qu’elle eût pu prononcer un mot pour lui expliquer les signes de ne point passer le seuil de la porte, qu’elle qui faisoit de loin. Cette déplorable Princesse jettant un cri douloureux à son aspect : Ah, Prince infortuné ! lui dit-elle, que venez-vous chercher dans ce lieu funeste ? Pouvez-vous me le demander, inhumaine, répondit-il, en la regardant avec des yeux qui exprimoient à la fois son amour & sa douleur ? n’avois-je pas assez de sujets pour m’y attirer, sans que vous eussiez eu la cruauté de vous y rendre en vous dérobant à mes soins ? vous seule m’empêchâtes d’y venir aussi-tôt que j’y vis entrer mes amis & ma sœur. Je voulois, avant de tenter le moyen de les en retirer, vous mettre en sûreté : mais vous m’avez prévenu ; & en vous cachant de moi, vous avez comblé mes malheurs. Je me flattois que vous m’aimiez assez pour avoir été chercher dans les cabanes voisines un asyle que je vous destinois ; mais je vous y ai vainement demandée : je voulois vous recommander aux soins de ceux qui les habitent, & j’ai passé trois jours à les parcourir, sans y apprendre