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LE TEMPS

Aussi-tôt qu’il fut sorti, le Prince succombant au désir de voir ses malheureux, amis, pria instamment Merille de l’y conduire. Il n’y avoit pas de danger à le satisfaire ; Angoulmouëk revenant toujours à la même heure, ne pouvoit les surprendre, & ils eurent tout le temps de se contenter.

Cette entrevue fut aussi triste que touchante, ce fut un renouvellement de larmes ; ils en verserent tous également : mais lorsque Benga leur fit part de l’intention où il étoit de les sauver ou de périr avec eux, les Princes d’Angole jetterent des bêlements pitoyables, tandis que Balkir mugissoit si douloureusement, que leurs voix seules auroient porté l’épouvante dans les cœurs les plus assurés. Zelima, à qui Merille s’étoit fait connoître, de même que ses freres & Balkir, joignoit sa voix à celle de ces infortunés parents, en voyant son frere dans le même péril. Cependant leurs douleurs ne lui firent pas changer de dessein, résolu seulement de ne rien faire qu’en suivant l’avis de la prudente Esclave, & ne précipitant pas une exécution qui pouvoit avorter si elle étoit mal conduite. Ils passerent ainsi plusieurs jours, venant entretenir leur famille, aussitôt que le monstre étoit hors du Palais ;