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ET LA PATIENCE.

qu’ils avoient faits ci-devant, ils avançoient tranquillement ; &, malgré la nécessité que la Patience leur avoit prouvée qu’il y avoit pour eux à se rendre incessamment à Angole, ils ne purent résister au desir de revoir le Roi solitaire, à qui ils avoient de si grandes obligations, & des conseils de qui ils se seroient si bien trouvés, si la Prudence avoit pu leur en prouver l’excellence.

Ils ne furent pas long-temps sans arriver à ce lieu agréable, où ils avoient passé les plus doux moments depuis qu’ils avoient quitté le Palais du Temps ; mais, pour ménager l’humeur paisible de ce sage Prince, ils firent faire halte à leur escorte, & Benga, Merille, Balkir & les deux Princes d’Angole, qu’il connoissoit déja, n’ayant pour toute augmentation à leur compagnie que celle de la seule Zelima, ils se flatterent qu’en leur considération, ce Monarque la verroit avec plaisir, &, dans cette assurance, ils s’avancerent à son petit Palais.

Cette jeune troupe ne fut pas déçue dans l’espérance que leur retour lui seroit agréable. Le Roi solitaire leur témoigna naïvement la joie qu’il avoit de les revoir ; &, cessant de cueillir des fruits, à quoi il étoit occupé, il les embrassa ten-