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LE TEMPS

drement : Eh bien, mes aimables déserteurs, leur dit-il d’un visage ouvert, les Temps que vous avez trouvés, m’ont-ils justifié auprès de vous, & pensez-vous encore que je vous débitois des rêveries ou des impostures ? n’avez-vous pas éprouvé tous les maux que je vous avois prédits ? Avouez la vérité, ajouta-t-il en souriant, & convenez que vous n’avez pas douté que quand j’essayois à vous détourner du dangereux dessein de lutter contre la destinée, & de mettre le Temps au pis, je n’envisageois que mes intérêts ; qu’enfin, l’appréhension de me trouver seul m’avoit fait imaginer de vous inspirer cette crainte que vous traitiez de terreur panique, ou de duplicité : mais, ajouta-t-il, l’événement m’a assez justifié, & vous a trop punis, pour qu’il me reste le droit de vous en faire des reproches.

Merille prenant la parole, avoua leur faute commune, y ajoutant naturellement qu’elle étoit la sienne particulièere, puisque ce n’avoit été qu’à la seule complaisance que les freres & son cousin avoient eue pour elle, qu’ils devoient tous les maux auxquels ils avoient été exposés.

Mais, grand Roi, poursuivit-elle, après avoir pardonné si généreusement les fautes que la jeunesse & la précipitation ont