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chambre de mort et palpiter nuit et jour, comme pour un glas éternel, les languettes de métal des petites clochettes aux bords festonnés, suspendues en campanules coupées aux angles retroussés des toits. C’est la pure impression d’Orient, mais de l’Orient le plus fermé, le plus inconnu, le plus muet, le plus dépourvu d’échos, de l’Orient jaune, qui, lui, n’a produit ni Simbad le Marin, ni sultane Shéhérazade.


§ III. — Le Palais des Mûriers.


Il a été bâti au xviie siècle par le roi Ouen-Moun-Choung.

Une ancienne tradition de Séoul veut qu’au xiiie siècle, avant que la ville actuelle existât, le roi Kong-Min-an, venu pour visiter la Pagode de Marbre, ait fait des promenades dans le bois qui l’entourait, et, frappé du charme de la vallée entre le Pouk-han et la Crète de Coq, ait annoncé l’intention d’y bâtir un palais, mais n’ait pas eu le temps de la réaliser.

L’usurpateur Ouen-tah-chao (Ni-taï-djo), fondateur de la dynastie actuelle, refusa d’accomplir ce vœu, malgré les avis pressants de son grand prêtre Choug-tah-Chang, et quand il établit sa capitale à Séoul, fit construire son propre palais sur l’emplacement actuel du Palais Neuf. Aussitôt, le bonze prédit que, dans l’espace de deux cents ans, une grande calamité affligerait le pays, si son conseil n’était pas suivi.