Page:Villetard de Laguérie - La Corée, indépendante, russe, ou japonaise.djvu/17

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Sa politique dans ce pays, déjà très suspecte avant et pendant les hostilités, a été, depuis la paix de Chimonoseki, ouvertement déterminée par le dessein de s’y substituer lui-même au Céleste Empire. Il veut transformer en sujétion le protectorat qu’il y exerçait auparavant de compte à demi avec ce dernier État.


J’ai pu le constater de visu, et juger qu’il s’y rendait profondément antipathique et insupportable à la population tout entière, qui d’ailleurs gardait contre lui de vieilles et vivaces rancunes.


Or la Corée est contiguë à la Sibérie. Il ne saurait être indifférent à l’Empire russe d’avoir pour voisins les Coréens ou les Japonais. Les premiers sont un peuple sans puissance ni esprit militaires, pacifique par tradition autant que par nécessité, dans la conscience embryonnaire duquel le patriotisme est réduit à la sauvegarde de coutumes immémoriales qui n’ont jamais gêné ses maîtres successifs. Des seconds, tout le monde connaît aujourd’hui le tempérament et les procédés de mitoyenneté. Il est certain que l’établissement du Japon en Corée contrecarrerait les plans économiques de la Russie, fondés sur le transsibérien, et accroîtrait la puissance des sujets du Mikado, dangereusement pour l’Extrême-Orient tout entier.


L’équilibre des forces et le maintien de la paix n’y seront donc assurés que lorsque les grandes Puissances européennes, en résolvant la « Question Coréenne »,