Page:Villetard de Laguérie - La Corée, indépendante, russe, ou japonaise.djvu/207

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tructions parasites des avenues et des rues étaient expropriées à raison de tant de cash par « camp » (chambre). Toutes disparaissaient. La ghilde des marchands ambulants nivelait le sol et prenait toutes les dispositions nécessaires à la sûreté et à la commodité du prince.

Le jour venu, dés le grand matin, le populaire s’entassait en haies compactes sur le parcours du cortège, maintenu par toute l’armée alignée en deux files indiennes, une de chaque côté du chemin. Il ne m’a pas été donné de voir de mes yeux ce spectacle. Des Européens, plus heureux que moi, me l’ont décrit comme une exhibition fantastique de costumes surannés, où les chapeaux chargés de plumes et les bottes éperonnées se combinaient avec des robes sanglées des ceinturons des sabres, avec des cuirasses du xvie siècle, des fusils à piston, mangés de rouille et veufs, qui de leur platine, qui de leur gachette, qui de leur chien. On y voyait des officiers soutenus sous chaque épaule par un homme, sur une selle aussi anguleuse que l’échine de leurs poneys ; des chaises à porteurs fermées et timbrées des idéogrammes des dignitaires qu’elles contenaient ; des drapeaux immenses de toutes couleurs, portés sur les épaules, ou brandis presque par chacun des soldats de la garde et des attachés qui cheminaient aux portières ou dans le cortège.

Le Roi passait, lentement véhiculé dans une chaise à porteurs de laque rouge, fermée de rideaux de soie rouge, timbrée sur les trois faces du cartouche royal,