Page:Villetard de Laguérie - La Corée, indépendante, russe, ou japonaise.djvu/221

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Ce papier est, sans contredit, le produit le plus curieux du pays. Il est fait de l’écorce intérieure d’un mûrier spécial que l’on broie sous des pilons mus par un moulin à eau. (La contrée ne contient pas un seul moulin à vent, pas plus d’ailleurs que le Japon, en dehors des concessions européennes.)

Une fois la pâte faite, on la trempe dans de l’huile de sésame qui rend le papier à la fois aussi souple que la plus fine soie, aussi résistant et aussi imperméable qu’une feuille de caoutchouc. Il peut ensuite devenir tapis sur les parquets, tentures sur les murs, vitres aux fenêtres, habits, chapeaux, souliers, blagues à tabac, parapluies, lanternes, cerfs-volants, cloisons de chambre, garde-robes, malles de voyage, et même papier à écrire, etc.

Il peut être employé à plusieurs usages successifs. Il n’est pas rare de voir un portefaix coréen, après s’être pavané sous un habit fait de compositions écrites fournies par les candidats yang-ban, ôter cet habit et en faire un parapluie, un couvre-chapeau, une lanterne, des souliers ou des vitres.

Il est fabriqué dans deux manufactures importantes : l’une au pied du Pouk-han, dans un vallon bien arrosé de la partie nord de Séoul ; l’autre à Yang-houa-tchin, sur le Han-yang, à environ 7 kilomètres au-dessous de Séoul, Cette dernière usine avait un matériel à vapeur monté à l’européenne.

En dehors de celles de ces deux établissements, on ne voyait à Séoul qu’une seule cheminée de briques : celle de la Monnaie, qui, depuis longtemps, ne