Page:Villetard de Laguérie - La Corée, indépendante, russe, ou japonaise.djvu/224

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L’exportation en était interdite sous peine de mort. Le roi se l’était réservée et en avait cédé le monopole à la ghilde Choung-In, comme il a été dit plus haut, contre une redevance de 375 000 francs.

Mais les prix énormes du ginseng avaient fait naître une contrebande très étendue, qui, en échange, importait en Corée l’opium, vainement prohibé, et prélevait à gros risques des bénéfices assez alléchants pour les faire oublier.

Les Japonais eux-mêmes abusaient du droit de caboter pour vendre leur poisson dans tous les ports du sud de la presqu’île et y pratiquaient en grand cette double fraude, malgré les deux petits croiseurs que le roi de Corée avait loués aux Anglais pour faire la chasse aux contrebandiers.

Les Japonais évaluaient les revenus du Trésor coréen, en 1885, à 9 millions et demi, dont la plus forte part était fournie par les taxes payées en riz, qui rendaient 6 250 000 francs, et les taxes payées en cotonnades, 1 625 000 francs.

Ces deux dernières catégories de revenus étaient payées par les ghildes commerçantes, et de même que ceux du ginseng et des laveries d’or, très variables.

Aussi, n’est-il pas d’expédient dont le gouvernement du Royaume Ermite ne se soit avisé pour trouver artificiellement l’équilibre qu’il n’atteignait pas naturellement. Mais les altérations de monnaie, les emprunts incessants creusaient de plus en plus le gouffre où il s’enlisait, et, en même temps, lui enlevaient toute chance d’en sortir indemne.