Page:Villetard de Laguérie - La Corée, indépendante, russe, ou japonaise.djvu/272

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chacun interpréta à sa manière le cas soumis au Japon.

Et ici nouvel escamotage. Personne ne rappela que la Corée est indépendante et que ses affaires l’intéressent, elle, personnellement, avant ses voisins. Chacun discuta les probabilités à sa manière, exposa ses vues, proposa sa solution et, sur cent lecteurs, un seul peut-être pensa qu’il ne manquait à la lanterne qu’on lui donnait, pour être un moyen d’éclairage, qu’une chandelle allumée devant les droits du Japon et la politique suivie par lui en Corée.

Le nom même que les journaux indigènes donnèrent à ce fait est symptomatique : c’était l’Affaire de Corée, l’Émeute de Corée, ou le Coup d’État Coréen. Les Japonais n’apparaissaient pas, même par le petit bout de l’oreille.

Le Kokkaï, de Tokyo, voyait, dans le retour au pouvoir du Taï-ouen-koun, même si la Reine était morte, des perspectives de guerre civile entre les puissants partis qui les soutenaient tous deux, et de l’intervention d’une puissance étrangère. De plus, la fourberie, l’ambition sans scrupule du Taï-ouen-koun, encouragées par sa victoire sur sa vieille ennemie qui ne valait pas mieux que lui, n’allaient-elles pas l’amener à poursuivre des rêves dangereux et à replonger le pays dans l’anarchie ?

Comment, après cela, soupçonner un si excellent voisin, et s’aviser qu’il oubliait un tout petit détail : la présence des troupes des Japonais sur la scène