Page:Villetard de Laguérie - La Corée, indépendante, russe, ou japonaise.djvu/297

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L’exploitation de la Chine, que leur récent traité de commerce leur permet d’espérer prochaine, ne paraît pas non plus devoir être une mine d’or pour eux, qu’ils obtiennent ou non le droit d’y importer des machines. Tout d’abord l’exemple du parti qu’ils ont tiré de celles que nous leur avons si bénévolement vendues et laissé contrefaire, leur suggérera qu’un pareil commerce pourrait bien être pour eux aussi le Jeu de « qui gagne, perd ». Ensuite ne se heurteront-ils pas en Chine à des concurrents européens qui ont l’avance d’un séjour antérieur, de gros capitaux et emploient une main-d’œuvre indigène aujourd’hui moins coûteuse que la japonaise, plus abondante, beaucoup plus adroite et soigneuse, et surtout plus régulièrement et plus copieusement productive ? Ils nous feront tort, c’est incontestable ; mais il est bien peu probable qu’ils réussissent à nous supplanter par le seul exercice de la concurrence. La pauvreté réelle de la masse urbaine et rurale en Chine achève de rendre bien aventuré l’espoir des Japonais de remuer assez de capitaux et marchandises pour fournir au budget national les 150 millions de taxes nouvelles dont on lui a donné le besoin.

Enfin le caractère même de ce peuple oppose un dernier obstacle à un développement semblable. On trouvera facilement chez eux, on a toujours trouvé jusqu’ici, des gens qui, pour un salaire insignifiant, s’assoiront tous les matins devant un monceau de riz, passeront toute une journée de douze ou qua-