Page:Villetard de Laguérie - La Corée, indépendante, russe, ou japonaise.djvu/301

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Chaque année plusieurs centaines de mille de ses nationaux émigrent de l’archipel trop étroit et sont, pour la plupart, à jamais perdus. Or, la Corée est la seule contrée où ils puissent s’établir sans avoir à renoncer à leurs habitudes les plus invétérées, ni faire un effort d’adaptation trop pénible.

Tout le monde, dans l’archipel, pense et déclara unanimement qu’en Corée seulement est la solution du problème du « Plus grand Japon », augmenter la surface exploitable pour les Japonais au profit du seul Japon. L’acquisition de Formose n’a causé en effet qu’une mince et courte satisfaction. Cette île était considérée immémorialement et surtout depuis 1874, comme propriété japonaise indûment détenue par un étranger. On a oublié cette fiche de consolation quand on a vu l’Espagne obliger le ministère Ito à arrêter l’expansion japonaise vers les Philippines et les Puissances lui interdire de fortifier les Pescadores et d’y construire un arsenal.

Si un ministère quelconque, cédant à une nouvelle « pression amicale », évacuait la Corée sans tenter la fortune des armes, une révolution éclaterait probablement au Japon, beaucoup plus dangereuse que la révolte fomentée en Satzuma par Saïgo en 1877, parce que celle-ci n’a été que partielle, tandis que celle-là mettrait sur pied le Japon tout entier contre les étrangers, en général, et contre le gouvernement qui aurait humilié le pays et l’Empereur devant eux.

Les intérêts matériels sont provisoirement satisfaits par la signature du traité de commerce avec la