Page:Villetard de Laguérie - La Corée, indépendante, russe, ou japonaise.djvu/305

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gagner en qualité ce qu’il perdra en nombre. Quant à créer des institutions militaires imitées des nôtres, comme le Japon l’a fait avec tant de succès, le Conseil d’Empire n’en aura même pas la pensée. Ce serait une entreprise chimérique, vouée à l’insuccès, dans un milieu aussi foncièrement civil que la population chinoise. De plus, le danger d’une dictature militaire et d’un asservissement à une armée de prétoriens ou de mercenaires est trop connu de ces Asiatiques pour qu’ils s’y exposent.



Et à quoi bon ? Le vieux Li est revenu de Chimonoseki par le chemin de Damas. Il a compris que les Japonais voulaient substituer en Chine leur exploitation à celle de la caste mandarine. Déjà, pendant la guerre même, ils avaient fait à celle-ci des avances très claires, en vue d’une bonne et solide entente entre frères, contre les blancs. Li n’a pas voulu partager. Il juge très bien fait l’agrégat informe de races et de provinces à peu près totalement indépendantes l’une de l’autre, auquel, par routine incurable, nous donnons, avec le nom de « la Chine », la valeur matérielle et morale de nos Etats-nations, qui sont de véritables personnes. Le formalisme confucianiste est d’accord, avec les intérêts sociaux pour fortifier le mépris et la haine que, comme tout bon Chinois, il nourrit contre les Japonais, et lui inspira un optimisme sans mélange, rebelle à toute innovation. Que pourrait-elle,