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J. VILLEY.

phase gazeuse, sont celles qui se trouvaient avoir accidentellement une énergie cinétique supérieure à la moyenne. Elles acquièrent de l’énergie potentielle de cohésion au prix d’une partie de cette énergie cinétique. D’autre part, leur départ abaisse la valeur moyenne de l’énergie cinétique des molécules liquides restantes. Au total l’évaporation se produit avec abaissement de température, ou bien elle nécessite un apport de chaleur si l’on désire maintenir la température constante.

Une molécule située à l’intérieur de la masse liquide subit, de la part des molécules voisines, des attractions de cohésion dont la résultante est nulle. Toutefois, quand elle approche de la surface libre, il arrive un moment où la sphère tracée autour d’elle avec un rayon égal à la distance maxima d’action des forces d’attraction moléculaire sort partiellement du liquide : la molécule est alors soumise à une résultante qui tend à la ramener vers l’intérieur. La constitution de la couche de passage où se manifeste cette résultante ne dépend, pour un liquide donné dans un état (température et pression) donné, que du milieu situé au delà de sa surface : Chaque fois que, par déformation de la masse liquide, on augmente sa surface libre et par conséquent aussi l’étendue de sa couche de passage superficielle, de 1cm2 au moyen de molécules extraites de la masse interne, il faut exercer, contre la résultante des attractions de cohésion, un travail bien déterminé. L’énergie potentielle interne correspondante, ou énergie capillaire est donc de la forme la constante caractéristique dépendant du liquide considéré, de la température et du milieu extérieur.

Lorsque la température d’un liquide baisse progressivement, il arrive un moment où l’énergie cinétique moyenne de ses molécules devient assez faible pour laisser agir une nouvelle forme des forces de cohésion : celles qui tendent à orienter les molécules les unes par rapport aux autres en constituant un solide cristallisé. Il y a alors diminution de l’énergie potentielle correspondante et augmentation corrélative d’énergie cinétique des molécules, qui vibrent autour de positions moyennes invariablement liées les unes aux autres.

Inversement, en élevant la température d’un solide cristallisé, on arrivera à la fusion, avec création d’énergie potentielle, au prix d’énergie cinétique : Si l’on veut maintenir la température constante au cours de la fusion, il faut un apport de chaleur.