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PRÉFACE.



Si l’on suit, à travers le siècle dernier, le développement de la thermodynamique, on y distingue deux courants qui se juxtaposent sans presque se mélanger.

L’un a sa source dans des préoccupations d’ingénieurs, à la suite de Carnot, l’immortel fondateur de la théorie des moteurs thermiques. La constitution et les propriétés moléculaires de la matière leur importent peu ; on s’occupe surtout de prévoir, pour être capable d’agir. Et il se trouve que, peu à peu, les résultats ainsi obtenus, sans aucune hypothèse sur ce qu’est la matière, ont envahi presque toute la science de la matière, la Physique aussi bien que la Chimie. La simplicité des méthodes, basées sur des principes très généraux, entraîne vers la thermodynamique de purs mathématiciens ; le dernier et le plus conscient de ces thermodyn amis tes purs aura été Duhem qui repoussait avec horreur, presque comme une chose impure, toute considération sur des constituants non directement visibles de la matière.

D’autres, au contraire, attirés par le mystère de la constitution de la matière, introduisent délibérément les molécules comme une réalité, et cherchent à tout expliquer par les lois de la mécanique appliquées à ces éléments. Cette tendance n’est certes pas nouvelle ; elle est même bien antérieure à la fondation de la pure thermodynamique par Carnot, car on en trouve les premiers éléments dans les travaux de Daniel Bernoulli sur la théorie cinétique des gaz, et dans les aperçus de Laplace sur la nature de la chaleur ; les nombreux ouvrages écrits, dans