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LES PRINCIPES DES MOTEURS THERMIQUES.

Par contre, l’énergie cinétique moléculaire, qui est l’aboutissement systématique des décoordinations d’énergie cinétique mécanique, nous offre des réserves énormes. Cette énergie thermique se conserve, en effet, dans un système matériel si ce système est isolé ; ou du moins elle ne le quitte alors que sous la forme d’un rayonnement, capable de produire, dans d’autres systèmes matériels rencontrés par lui, des quantités d’énergie thermique équivalentes. Ce phénomène nous permet de recevoir, et d’utiliser partiellement, l’énergie thermique en réserve dans le Soleil, dont le rayonnement provoque les vents, les pluies et les chutes d’eau, et crée l’énergie potentielle chimique des combustibles végétaux.

La Terre elle-même contient d’énormes réserves d’énergie thermique. Mais le second principe de la Thermodynamique nous apprend que la transformation de cette énergie en travail ne peut être obtenue qu’en mettant à profit les différences de température qui peuvent exister entre diverses portions de cette réserve, et les écoulements spontanés de chaleur qu’elles provoquent. Ces différences de température sont rarement assez grandes et assez stables, entre masses importantes voisines, pour permettre l’installation de machines dans des conditions pratiques. C’est cependant ce principe qu’applique le svstème Claude où les deux réserves sont les couches profondes froides et les couches superficielles chaudes des mers équatoriales. On peut envisager aussi l’utilisation de sources thermales émergeant aux températures élevées des couches profondes d’où elles proviennent.

À l’autre extrémité de l’échelle des grandeurs, l’énergie cinétique astronomique se conserve également sans dissipation sensible. La Terre possède, par exemple, une réserve d’énergie cinétique énorme, tant de rotation sur elle-même que de translation[1]. À défaut de mécanisme direct, qui ne se conçoit guère, nous avons un moyen indirect de puiser dans cette réserve d’énergie : l’attraction newtonienne du Soleil, et surtout de la Lune, provoque à la surface des mers un gonflement qui, par suite de la rotation du globe terrestre, se déplace à la surface de celui-ci. En un lieu donné, des masses d’eau importantes s’élèvent et s’abaissent ainsi périodiquement dans le champ de la pesanteur, en même temps qu’elles subissent d’ailleurs

  1. Par rapport à des axes absolus attachés au Soleil.