Page:Villey - Les principes des moteurs thermiques, 1935.djvu/15

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
5
LES PRINCIPES DES MOTEURS THERMIQUES.

tantes, dans les gaz et vapeurs de l’atmosphère. Mais on ne peut pas y puiser à volonté, ou du moins on ne peut le faire que dans les conditions de température et de pression déterminées qui correspondent à la liquéfaction : l’énergie potentielle de cohésion qui disparaît alors se transforme en énergie thermique. L’oxygène et l’azote, dont les températures de liquéfaction sont extrêmement basses, constituent ainsi des réserves importantes non utilisables aux températures où nous vivons. Par contre, l’eau se trouve, à la surface de la Terre, aux températures où se produisent ses changements d’état ; aussi la vapeur d’eau atmosphérique ne constitue plus la réserve vierge d’énergie potentielle de cohésion qu’elle a été lorsque la température terrestre était beaucoup plus élevée ; elle est devenue un volant d’égalisation des températures, par les alternatives de dégagement ou d’absorbtion d’énergie thermique qui accompagnent les condensations et vaporisations, c’est-à-dire les disparitions et créations d’énergie potentielle de cohésion. En résumé, nous n’avons pas là de réserves d’énergie utilisables pratiquement pour produire du travail.

L’énergie potentielle élastique des solides déformés, qui correspond à une autre manifestation des forces de cohésion, peut être intéressante comme moyen d’accumulation momentanée d’énergie (ressorts, etc.), mais elle ne représente pas des réserves naturelles dans lesquelles on puisse puiser, car les déformations élastiques disparaissent spontanément et immédiatement en même temps que les contraintes qui les ont provoquées.

De même, il ne peut pas y avoir non plus de réserves naturelles permanentes d’énergie électrique, parce que les charges électriques se détruisent spontanément par neutralisation mutuelle, grâce aux attractions de Coulomb qui les dirigent les unes vers les autres, même à grande distance.

Examinons le cas de l’énergie potentielle gravifique.

La masse des glaciers obéit librement, lorsqu’elle devient fluide par la fusion, à la pesanteur qui la ramène, par les cours d’eau aux points d’altitude minima de la surface terrestre. Ces glaciers ne peuvent donc pas constituer des réserves durables : ils sont entretenus sans cesse par de nouveaux apports de neige, dont l’énergie potentielle gravifique est due à une transformation de l’énergie rayonnée par le Soleil.