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J. VILLEY.

La masse solide des sommets montagneux représente par contre d’importantes réserves stables d’énergie potentielle gravifique, dont la conservation est assurée par la réaction élastique des couches inférieures qui équilibre la force de pesanteur. On peut, dans certains cas, supprimer ce « verrouillage » et libérer l’énergie potentielle, par exemple en faisant basculer un rocher au bord d’un abîme. Il est à peine besoin d’ajouter que ce mode d’utilisation des réserves correspondantes n’a qu’un intérêt industriel fort restreint, limité à la charge des bennes descendantes des câbles téléfériques.

L’atmosphère gazeuse qui entoure la Terre nous présente un autre mode de conservation de l’énergie potentielle gravifique. Elle contient, en effet, des masses énormes maintenues à des altitudes très supérieures à celle où l’air viendra se réunir lorsqu’un refroidissement suffisant de la Terre en provoquera la liquéfaction. C’est l’existence de l’énergie cinétique thermique, tendant sans cesse à disséminer les molécules gazeuses, qui empêche celles-ci d’obéir à la pesanteur, et réalise une répartition statistique où subsiste une très grosse réserve d’énergie potentielle gravifique. Celle-ci ne deviendrait d’ailleurs utilisable que par abaissement de la température au-dessous des valeurs compatibles avec la vie humaine ; elle n’a pas d’intérêt industriel.

Les phénomènes astronomiques offrent un autre exemple, particulièrement intéressant parce que plus simple, du rôle que peut jouer l’énergie cinétique pour assurer la conservation d’une énergie potentielle. Si la Terre ne possédait pas son énergie cinétique de circulation, qui la maintient sur son orbite, son énergie potentielle newtonienne disparaîtrait spontanément par le jeu de l’attraction qui la précipiterait sur le Soleil avec une énergie cinétique croissante, finalement transformée en énergie thermique par le choc.

Ceci nous amène à une dernière remarque pour clore cette révision. Il est possible que l’énergie thermique du Soleil, qui nous fournit directement ou indirectement tout le travail industriel, ne soit elle-même créée que par la disparition progressive de l’énergie potentielle newtonienne de ses couches externes en voie de condensation.

Comme conclusion pratique, il y a lieu de noter, en tout cas que, sauf de rares exceptions, tout le travail mécanique industriel est emprunté à l’énergie thermique créée soit par le rayonnement solaire.