À ces paroles, la reine s’accouda, considéra, très fixement et sans parler, le vidame de Maulle, secoua la tête ; puis, indolente et rieuse, appuya, sur les lèvres du jeune homme, un long baiser.
— Tu diras ces choses à maître Cappeluche lorsque tu seras roué par lui, en place de Grève, ces jours-ci ! — Vous êtes un vilain incendiaire, mon amour !
Et, comme les parfums qui sortaient de son corps oriental étourdissaient et brûlaient les sens jusqu’à ôter la force de penser, elle se pressa contre lui.
Le tocsin continuait ; on distinguait, dans le lointain, les cris de la foule.
Il répondit, en plaisantant :
— Encore faudrait-il prouver le crime ?
Et il rendit le baiser.
— Le prouver, méchant ?
— Sans doute ?
— Pourrais-tu prouver le nombre des baisers que tu as reçus de moi ? Autant vouloir compter les papillons qui s’envolent dans un soir d’été !
Il contemplait cette maîtresse ardente — et si pâle ! — qui venait de lui prodiguer les délices et les abandons des plus merveilleuses voluptés.
Il lui prit la main.
— D’ailleurs, ce sera bien facile, continua la jeune femme. Qui donc avait intérêt à profiter d’un incendie pour enlever la fille de messire Escabala ? Toi seul. Ta parole est engagée dans le pari ! — Et, puisque tu ne pourrais jamais dire où tu étais lorsque le feu a pris ?… Tu vois, c’est bien suffisant, au Châtelet,