Aller au contenu

Page:Villiers de L'Isle-Adam - L’Ève future, 1909.djvu/134

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

des draperies et cria deux noms dans l’appareil.

Là-bas, dans le vent de la nuit, au fond du parc, un coup de cloche, étouffé ici par les tentures, lui répondit.

Many thousand kisses ! prononça paternellement Edison dans l’embouchure de l’instrument en y envoyant plusieurs baisers.

Alors il se passa quelque chose d’étrange.

Autour des deux chercheurs d’inconnu, des deux aventuriers de l’ombre, éclata, de tous côtés, dans la zone lumineuse des lampes, (grâce au coup de pouce qu’Edison avait donné à quelque commutateur), une joie, une pluie de baisers d’enfants charmants qui criaient de leur voix naïve :

― Tiens, papa ! Tiens, papa ! Encore ! encore !

Edison choquait contre sa joue l’embouchure du téléphone qui lui apportait ces baisers naïfs.

― À présent, mon cher lord, je suis prêt, dit-il.

― Non ! restez, Edison ; ― dit tristement lord Ewald ; je suis inutile ; il vaut mieux que, seul, j’affronte, s’il est possible…

― Partons ! dit l’Électricien, le flamboiement du génie sûr de lui-même dans les yeux.