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Page:Villiers de L'Isle-Adam - L’Ève future, 1909.djvu/151

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claire, d’abord filtrée au charbon, c’est-à-dire très pure, puis mélangée de quelques sels dont vous trouverez la formule dans le Manuscrit. Quant aux pastilles et aux tablettes, ce sont des pastilles de zinc, des tablettes de bi-chromate de potasse et, quelquefois, de peroxyde de plomb. Aujourd’hui, nous prenons, tous, une foule de choses empruntées à la chimie. Elle ne sort pas de là. Vous le voyez, elle est très sobre. Elle ne prend que ce qui lui suffit. Heureux ceux qui se règlent sur sa tempérance ! ― Par exemple, lorsqu’elle ne trouve pas ces aliments sous sa main au moment où elle les désire, elle s’évanouit ― ou, pour mieux dire, elle meurt.

― Elle meurt ?… murmura le jeune lord en souriant.

― Oui, pour donner à son élu le plaisir vraiment divin de la ressusciter.

― Attention délicate ! répondit assez plaisamment lord Ewald.

― Lorsqu’elle demeure immobile et les yeux fermés, il lui suffit d’un peu d’eau très claire, de quelques tablettes ou de pastilles pour revenir à elle-même. Toutefois, comme elle n’aurait pas la force de les prendre, il faut mettre la tourmaline du doigt médium en communion avec le courant d’une pile faradique. Cela suffit. ― Sa première parole, en rouvrant les yeux à la lumière, est pour demander de l’eau pure. ― Maintenant, à cause de la dure senteur métallique que garderait, en elle, l’eau ternie d’une organique buire de cristal, il ne faut pas oublier de saturer la première gorgée de la coupe, des réactifs dont vous trouverez l’expression et le