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Page:Villiers de L'Isle-Adam - L’Ève future, 1909.djvu/179

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Lord Ewald regarda très fixement, tout à coup, l’électricien.

― Ce qui me paraît encore plus énigmatique, dit-il, que cette créature incomparable, c’est le motif qui vous a déterminé à la créer. Je désirerais, avant tout, savoir comment cette conception inouïe vous fut inspirée.

À ces mots si simples, Edison, après un grand silence, répondit lentement :

― Ah ! C’est mon secret, milord, que vous me demandez là ?

― Je vous ai révélé le mien sur vos seules instances ! répondit lord Ewald.

― Eh bien, ― soit ! s’écria Edison. D’ailleurs, c’est logique. ― Hadaly, extérieure, n’est que la conséquence de l’intellectuelle Hadaly dont elle fut précédée en mon esprit. Connaissant l’ensemble de réflexions dont elle émane, vous la comprendrez mieux encore, lorsque, tout à l’heure, elle nous permettra d’étudier ses abîmes. ― Chère miss, ajouta-t-il en se tournant brusquement vers l’Andreïde immobile, soyez assez gracieuse pour nous laisser quelque temps seuls, milord Ewald et moi : ce que je vais lui raconter ne devant pas être entendu par une jeune fille.

Hadaly, sans répondre, se retira, lente, vers les profondeurs du souterrain en élevant en l’air, sur ses doigts d’argent, son oiseau du Paradis.

― Asseyez-vous sur ce coussin, mon cher lord, reprit l’électricien : l’histoire va durer vingt minutes environ : mais elle est, je crois, intéressante, en effet.