Page:Villiers de L'Isle-Adam - L’Ève future, 1909.djvu/178

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tibles et tout-puissants qu’elle fait chaque jour. Songez donc ! Bientôt, grâce à elle, plus d’autocraties, de canons, de monitors, de dynamites ni d’armées !

― C’est un rêve, cela, je crois, murmura lord Ewald.

― Milord, il n’y a plus de rêves ! répondit à voix basse le grand ingénieur.

Il demeura pensif un instant.

― Maintenant, ajouta l’électricien, nous allons, puisque vous le désirez, examiner, d’une façon sérieuse, l’organisme de la créature nouvelle, électro-humaine, ― de cette Ève future, enfin, qui, aidée de la Génération artificielle, (déjà tout à fait en vogue depuis ces derniers temps), me paraît devoir combler les vœux secrets de notre espèce, avant un siècle, ― au moins chez les peuples initiateurs. ― Oublions donc, pour le moment, toutes questions étrangères à celle-ci. Les digressions, ne trouvez-vous pas ? doivent être comme ces cerceaux que les enfants ont l’air de jeter à l’abandon, fort loin, mais qui, grâce à un mouvement essentiel de retour, imprimé dans le lancé, reviennent dans la main qui les a projetés.

― Veuillez bien, avant tout, me permettre une dernière demande, Edison ! dit lord Ewald : car elle me semble, en cet instant, plus intéressante ― même que l’examen dont vous parlez.

― Quoi ! Même ici ? Même avant l’expérience convenue ? dit Edison, surpris.

― Oui.

― Laquelle ? l’heure nous presse : hâtons-nous.