Page:Villiers de L'Isle-Adam - L’Ève future, 1909.djvu/205

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soit possible de le savoir, et de l’affirmer avant que telle rapide modification nouvelle ne s’accuse en leurs corporéités, ― le secret de leur malfaisant charme n’est pas là : ― bien au contraire !

Chose à déconcerter la raison, l’axiome qui ressort de ces féminines stryges, qui marchent de pair avec l’homme, c’est que leur action fatale et morbide sur leur victime est en raison directe de la quantité d’artificiel, au moral et au physique, dont elles font valoir, ― dont elles repoussent, plutôt, ― le peu de séductions naturelles qu’elles paraissent posséder.

C’est, en un mot, quoique jolies, ou belles, ou laides, etc., que leur amant (celui qui doit en succomber) s’en appassionne et s’en aveugle ! Et nullement à cause de ces possibilités personnelles. ― C’est là l’unique point que je tenais à bien établir, attendu que c’est le seul qui soit important.

Je passe, ici-bas, pour assez inventif : mais, en vérité (je puis, dès à présent, vous l’avouer), mon imagination, même surmenée par l’animadversion que je nourrissais, je le confesse, contre miss Evelyn Habal, ne pouvait pas, ― non ! non ! ― ne pouvait pas me suggérer jusqu’à quel degré fantasmatique et presque inconcevable, cet axiome devait être confirmé par… ce que nous allons voir, entendre et toucher tout à l’heure.

Maintenant, une comparaison, pour conclure, avant de passer à la démonstration.

Tous les êtres ont leurs correspondances dans un règne inférieur de la nature. Cette correspondance, qui est, en quelque sorte, la figure de leur réalité, les éclaire aux yeux du métaphysicien. Pour la reconnaître, il suffit de considérer les résultats pro-