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Page:Villiers de L'Isle-Adam - L’Ève future, 1909.djvu/212

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de la négligence, la duplicité de la finesse, et cœtera, et cœtera. Et, de nuances en nuances, l’on arrive souventes fois… où l’amant de cette enfant en arriva. À une mort maudite. Lisez les milliers de journaux qui, partout, et quotidiennement, le constatent, et vous reconnaîtrez que, loin d’exagérer mes chiffres, je les sous-évalue.

― Vous me certifiez, mon cher Edison, que ces deux visions ne reproduisent qu’une seule et même femme ? murmura lord Ewald.

Edison, à cette question, regarda, de nouveau, son jeune interlocuteur, mais, cette fois, avec une expression de mélancolie grave.

― Ah ! vous avez l’idéal vraiment enfoncé dans le cœur ! s’écria-t-il enfin. Eh bien, puisqu’il en est ainsi, je vais vous convaincre, cette fois ! Car, en vérité, je me vois contraint de le faire. Regardez, milord : voici, en réalité, pourquoi ce pauvre Edward Anderson s’est détruit la dignité, le corps, l’honneur, la fortune et la vie.

Et, faisant sortir de la muraille un grand tiroir sous l’image lumineuse qui continuait la sinistre danse :

― Voici, continua-t-il, la dépouille de cette charmeuse, l’arsenal de cette Armide ! ― Voulez-vous avoir la complaisance de nous éclairer, miss Hadaly ?

L’Andréide se leva, saisit une torche fortement parfumée, l’alluma dans le calice de quelque fleur ; puis, prenant par la main lord Ewald, l’attira doucement vers Edison.

― Oui, continuait l’ingénieur, si vous avez trouvé naturels les charmes du premier aspect de miss