Page:Villiers de L'Isle-Adam - L’Ève future, 1909.djvu/231

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vement dont le fluide est l’impulseur. Une vingtaine d’heures parlées, suggestives, captivantes sont inscrites sur cet album de feuilles, ineffaçables grâce à la galvanoplastie, ― et leurs Correspondances-expressives sont, également, inscrites sur les aspérités de ce Cylindre, lesquelles sont incrustées au micromètre. Ne faut-il pas, en effet, que le mouvement des deux phonographes, uni à celui du cylindre, produise l’homogénéité du geste et de la parole ainsi que du mouvement labial ? et du regard, et des fondus d’expressions si subtils ?

Vous comprenez que leur ensemble, en chaque scène, est réglé, ainsi, avec une précision parfaite. Certes, c’est chose plus malaisée, mécaniquement, que d’inscrire une mélodie et son accompagnement, avec ses accords les plus compliqués, sur tel ou tel cylindre d’orgue : mais nos instruments, vous dis-je, sont devenus, croyez-le bien, si ténus et si sûrs (surtout aidés de nos inflexibles lentilles), qu’avec un peu de patience et de calcul différentiel, on y arrive sans trop de peine.

Maintenant, je lis les gestes sur ce Cylindre aussi couramment qu’un prote lit à rebours une page de fonte (question d’habitude) : je corrigerai, disons-nous, cette épreuve selon les mobilités de miss Alicia Clary : cette opération n’est pas très difficile, grâce à la Photographie-successive dont vous venez de voir une application toute l’heure.

― Mais, interrompit lord Ewald, ― une scène, comme vous dites, suppose un interlocuteur ?

― Eh bien ? dit Edison, ne serez-vous pas, vous-même, cet interlocuteur ?

― Comment se peut-il qu’il vous soit possible