Page:Villiers de L'Isle-Adam - L’Ève future, 1909.djvu/275

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un éventail d’ébène, aux branches sculptées de fleurs noires. Sur l’étoffe de l’éventail est représentée une statue…

― Ceci est une chose qui passe l’imaginable, murmura lord Ewald ; c’est la vérité de point en point. Vos télégrammes sont bien rapides !

― Milord, répondit l’ingénieur, vous demanderez vous-même à miss Alicia Clary si, trois minutes après son départ de New York pour Menlo Park, il ne lui est pas arrivé ce que vient de nous retracer Hadaly. ― Mais, voulez-vous causer un instant avec elle, pendant que je vais aller choisir quelques échantillons d’yeux incomparables ?

Et il s’éloigna vers la profondeur du souterrain, s’approcha du dernier pilier, ― fit mouvoir une pierre et parut s’absorber dans l’examen de différents objets cachés en ce lieu.

― Serez-vous assez gracieuse pour m’apprendre, miss Hadaly, dit lord Ewald, à quoi peut être utile cet instrument, d’aspect si compliqué, placé sur cette étagère, là-bas ?

― Oui, milord. Celian, répondit Hadaly après s’être détournée, comme pour regarder, sous son voile, l’objet dont lui parlait le jeune homme. C’est encore une invention de notre ami. Cela sert à mesurer la chaleur d’un rayon d’étoile.

― Ah ! je me souviens d’en avoir entendu parler dans nos gazettes, répondit lord Ewald avec une fantastique tranquillité.

― Vous le savez, reprit Hadaly. Bien avant que la Terre fût même une nébuleuse, des astres brillaient depuis une sorte d’éternité, mais, hélas ! si éloignés, si éloignés d’elle, que leur radieuse lueur,