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Page:Villiers de L'Isle-Adam - L’Ève future, 1909.djvu/283

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Ce regard, on peut le clicher, ― puisqu’il n’est lui-même qu’un cliché, ― n’est-il pas vrai ?

― C’est juste, dit, en souriant, le jeune homme.

― Mais, continua l’ingénieur, il s’agit de saisir, dans l’expérience qui nous occupe, non pas l’attention du regard, mais son vague, au contraire ! Et vous m’avez dit que miss Alicia Clary regardait habituellement à travers ses cils.

Eh bien ! voici comment je vais procéder.

Je vous parlais, tout à l’heure, du phénomène récemment constaté de l’état radiant de la Matière : étant donné le vide le plus parfait, presque absolu, que l’on puisse produire (vide obtenu dans tel sphéroïde dont l’air intérieur a été soumis à une température d’une élévation souveraine), il est avéré qu’il peut se révéler, en ce vide aussi abstrait que possible, des mouvements dus à la présence d’une Matière insaisissable. Des tiges d’induction étant soudées aux parois du sphéroïde, l’étincelle vibre dans ce vide, ― et l’on peut penser que le Commencement du Mouvement physique est là.

Or, voici des Yeux fictifs, ovoïdes, et d’une transparence de source. J’y trouverai, certes, la paire analogue aux yeux de votre amie.

Une fois relevé, en leurs prunelles, ce que les peintres appellent le point visuel, ― comme l’intérieur en aura été soumis, à la température nécessaire pour y opérer le vide précité, ― au centre des prunelles, à l’extrémité d’un inducteur de la capillarité la plus extrême, je ferai briller, en ce vide, la piqûre d’éclair, ― mais vague et presque invisible, ― de l’Électricité : le merveilleux travail de l’iris confère