Page:Villiers de L'Isle-Adam - L’Ève future, 1909.djvu/304

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j’avoue que j’en serais très contente… à cause de la Gloire, vous savez !

Le visage d’Edison s’éclaira tout à fait.

― Que de modestie ! s’écria-t-il ; j’imaginais que vous alliez dire, guinées !

Une ombre, une contrariété passa sur le front sublime de la jeune femme.

― Vous savez, les débuts !… dit-elle. On ne doit pas être exigeante.

Le visage d’Edison se rembrunit.

― D’ailleurs, ma devise est : « Tout pour l’Art ! » s’empressa de conclure miss Alicia Clary.

Edison lui tendit la main.

― Je reconnais bien là le désintéressement d’une âme élevée ! ― dit-il : mais je m’arrête ; point de flatteries prématurées. Quelle pire massue que l’encensoir gauchement manœuvré ? Attendons. Un doigt de ce vin des Canaries ? ajouta-t-il.

Tout à coup, la jeune femme, comme se réveillant, regarda autour d’elle :

― Mais… où suis-je donc ? murmura-t-elle.

― Chez le plus original, mais le plus grand sculpteur de l’Union ! répondit gravement Edison. Ce sculpteur est une femme : ce seul mot doit vous révéler son illustre nom ? Mistress Any Sowana. Je lui ai loué cette partie du château.

― Tiens !… j’ai vu, en Italie, quelques instruments de statuaire ; ils ne ressemblaient en rien à ceux-ci !

― Ah ! que voulez-vous ? dit Edison ; la méthode nouvelle ! Aujourd’hui l’on est expéditif en toutes choses. On simplifie… Mais, la grande artiste dont