Page:Villiers de L'Isle-Adam - L’Ève future, 1909.djvu/321

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Tant et si bien qu’une belle nuit, ― comme une caisse de dimensions assez importantes avait été notoirement expédiée de New York à Edison, et comme le camion arrivait à Menlo Park, de nonchalants détectives, apostés par les curieux, donnèrent l’exemple d’une modération inattendue. Les procédés qu’ils employèrent, en cette occasion, pour se rendre compte des choses, furent même blâmés comme par trop bénins et trop niaisement ingénieux.

En effet, ils se contentèrent, d’abord, de se ruer, sans vains préambules et à grands coups de gourdins, sur le conducteur et les employés nègres qui escortaient la caisse et de les laisser pour morts sur la route. Puis, aux lueurs des torches, ils s’empressèrent d’ouvrir ladite caisse, ― mais en y mettant, cette fois, toute la délicatesse et toute la subtilité de manœuvres dont ils étaient capables, c’est-à-dire en enfonçant, à la hâte, d’énormes ciseaux à froid entre les ais, qu’ils firent éclater.

Enfin ! On allait donc pouvoir examiner les nouveaux éléments électriques et voir en quoi consistait le « Compteur » commandé évidemment par Edison.

Le chef de l’expédition, ayant procédé à l’examen minutieux du contenu de la caisse, n’y inventoria qu’une nouvelle robe de soie bleue (oh ! toute neuve !), des bottines de même nuance, des bas de femme d’une finesse délicieuse, une boîte de gants parfumés, un éventail d’ébène aux sculptures précieuses, des dentelles noires, un corset léger et ravissant, à rubans feu, des peignoirs de batiste, une boîte de bijoux contenant d’assez