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Page:Villiers de L'Isle-Adam - L’Ève future, 1909.djvu/326

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Le perruquier avait d’abord jeté les hauts cris devant ce délai : mais, le soir du quatrième jour, l’envoyé, tenant une boîte à la main, était rentré dans Menlo Park.

Maintenant, les bien informés des environs chuchotaient entre eux qu’un mystérieux carrosse arrivait chaque matin à une porte inconnue et nouvellement découpée dans le mur du parc. Une jeune miss, presque toujours vêtue de bleu, une personne fort belle, très distinguée, en descendait seule, passait la journée, avec Edison et ses appariteurs, dans le laboratoire, ― ou se promenait dans les jardins. Le soir, le même carrosse la venait prendre et la ramenait à certain cottage somptueux, récemment loué par un jeune seigneur anglais, beau, d’ailleurs, comme le jour. ― « Que pouvait signifier le secret gardé à propos d’un sujet aussi puéril ? ― Cette réclusion soudaine ?… Que venaient faire des épisodes… romanesques… dans le domaine de la Science ? ― Enfin, ce n’était pas sérieux ! ― Ah ! quel homme bizarre, ― cet Edison !… Oui !… Bizarre ! ― C’était, ma foi, le mot ! »

De guerre las, on attendit que la « frénésie » du grand ingénieur fût passée.