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Page:Villiers de L'Isle-Adam - L’Ève future, 1909.djvu/329

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gants en chemin pour la première fois de ma vie, dit lord Ewald.

Puis, se tournant vers Alicia :

― Votre main, chère miss ! ajouta-t-il. Vous étiez en répétition ?

― Oui, répondit-elle ; mais il paraît que c’est fini. Nous relisons, voilà tout.

Edison et lord Ewald s’éloignèrent de quelques pas.

― Alors, demanda le jeune homme en baissant la voix, le grand-Œuvre, l’Idéal électrique… notre merveille… ou plutôt la vôtre… est venue au monde ?

― Oui, dit simplement Edison ; vous la verrez après le départ de miss Alicia Clary. Éloignez-la, mon cher lord ; faites que nous soyons seuls.

― Déjà ! dit lord Ewald pensif.

― J’ai tenu parole, voilà tout, dit négligemment Edison.

― Et miss Alicia Clary ne se doute de rien ?

― Une simple ébauche de terre lui a donné le change, ainsi que je vous l’avais annoncé. ― Hadaly était cachée derrière l’impénétrable manteau de mes objectifs, et mistress Any Sowana s’est montrée une artiste de génie.

― Et vos mécaniciens ?

― N’ont vu dans tout cela qu’une simple expérience de photosculpture : ― le reste leur est demeuré secret. ― D’ailleurs je n’ai désisolé l’appareil intérieur et fait jaillir l’étincelle respiratoire que ce matin, aux premiers rayons du soleil… qui s’en est éclipsé d’étonnement ! ― ajouta, en riant, Edison.