Page:Villiers de L'Isle-Adam - L’Ève future, 1909.djvu/362

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de débuter « tout bonnement en des opéras-comiques de son répertoire : leur succès, bien assis déjà, lui assurait mieux l’attention des gens de goût. » ― Quant à sa statue, votre départ de Menlo Park étant, disait-elle, fixé à demain matin, je n’aurais qu’à « la lui expédier à Londres » : elle a même ajouté que « relativement à mes honoraires, je pouvais vous demander le prix fort, attendu qu’elle savait qu’on ne doit pas marchander avec les artistes. » ― Sur quoi, miss Alicia Clary m’a dit adieu, me priant de vous avertir (au cas où vous me feriez une visite), « qu’elle vous attendait là-bas, pour les arrangements ». Donc, une fois à Londres, vous n’aurez plus, mon cher lord, qu’à la laisser suivre en paix sa carrière. Une lettre, accompagnée d’un don « princier » lui annoncera votre rupture ― et tout sera dit. Qu’est-ce qu’une maîtresse ? un ceinturon et un mantelet, a écrit Swift.

― C’était mon projet, dit lord Ewald.

Hadaly, soulevant doucement sa tête sur l’épaule de lord Ewald, murmura, d’une voix faible et pure, en un mystérieux sourire, en montrant l’électricien :

― Il viendra, n’est-ce pas, à Athelwold, nous voir ?

Le jeune Anglais, à cette naturelle parole, ayant réprimé un nouveau mouvement d’admirative stupeur, répondit, simplement, d’un signe affirmatif.

Chose singulière ! c’était Edison qui avait tressailli à ce mot et qui regardait Hadaly fixement.

Il se frappa le front, tout à coup, ― sourit, se