Page:Villiers de L'Isle-Adam - L’Ève future, 1909.djvu/361

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― Non, dit lord Ewald : j’ai hâte d’être le prisonnier de cette énigme sublime.

― Adieu ! miss Hadaly !… dit Edison. Vous souviendrez-vous, là-bas, de votre chambre souterraine ― où nous causions, parfois, de celui qui devait vous éveiller à notre pâle existence de vivants ?

― Oh ! mon cher Edison ! répondit l’Andréïde en s’inclinant devant l’Électricien, ma ressemblance avec les mortels n’ira jamais jusqu’à oublier mon créateur.

― À propos, ― et la vivante ?… demanda Edison.

Lord Ewald tressaillit.

― Ma foi, dit-il, je l’avais oubliée.

Edison le regarda.

― Elle sort d’ici, dans une assez méchante humeur, même. À peine étiez-vous en promenade qu’elle est survenue, bien réveillée de toute influence ― et que son flux de paroles m’a mis dans l’impossibilité d’entendre un mot de ce que vous vous êtes dit, sans doute, en ce parc. Cependant j’avais disposé des appareils nouveaux pour… ― enfin ! je vois que, même livrée à sa seule nature, Hadaly, dès le premier instant de sa vie, s’est montrée digne de ce qu’en attendent les siècles futurs. Je n’en étais pas inquiet, d’ailleurs, s’il faut tout dire. ― Quant à celle qui, pour vous du moins, vient de mourir en elle, miss Alicia Clary m’a notifié tout à l’heure, fort et ferme, qu’elle « renonçait à ces nouveaux rôles, dont elle ne pouvait retenir la prose inintelligible et dont les longueurs lui ossifiaient le cerveau. » ― Son modeste vœu, désormais, « tout bien réfléchi » était