Page:Villiers de L'Isle-Adam - Nouveaux Contes cruels.djvu/102

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Debout, chancelante, n’osant lever les yeux, sœur Natalia posa la clef sainte et le voile aux pieds de la bleue Madone au doux visage de lumière, aux yeux baissés aussi — mais vers quels Cieux et quelles étoiles ! — Puis, s’appuyant aux piliers, elle gagna le portail, et, après un instant, l’entr’ouvrit : elle descendit les degrés et se trouva sur la route, — qui s’étendait lointaine, aux clartés d’une large lune illuminant la campagne.

— Juan ! cria-t-elle.

À cet appel, un cavalier, un juvénile seigneur, au profil dominateur, aux regards tout brûlants de joie, apparut, et, sautant de cheval, enveloppa de son manteau celle qui était, enfin, venue vers lui.

— Ô Natalia ! dit-il.

La tenant ployée entre ses bras, sur son cheval, ils partirent vite vers le manoir dont les tours, là-bas, s’accusaient sous les lunaires ombres.