Aller au contenu

Page:Villiers de L'Isle-Adam - Nouveaux Contes cruels.djvu/120

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

plus. En sorte que, sous l’apparence vivante de leurs ombrages, nous nous trouvons, en réalité, entourés d’innombrables spectres végétaux, de fantômes d’arbres !… Les anciens arbres, voyez-vous, nous quittent ! Place aux jeunes.

Un nuage passa sur le front, cependant mathématique, de M. C** : — à travers les hauts branchages, au dehors, une petite ondée froide cliquetait.

— En effet, je crois, à présent, me souvenir… murmura-t-il : — mais n’exagérons rien ! et n’examinons rien de trop près, si nous voulons distinguer quelque chose… Il vous reste cette exubérante nature estivale…

— Comment ! se récria de nouveau Daphnis, — comment, cher étranger, vous trouvez « naturel » un été où nous passons nos après-midi, ma pauvre Chloë et moi, à grelotter l’un auprès de l’autre ?

— L’été n’est pas des plus chauds, en effet, cette année, reprit M. C** ; eh bien, levez vos regards plus haut, jeunes gens !