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Page:Villiers de L'Isle-Adam - Nouveaux Contes cruels.djvu/246

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pensée seule vivra, — car au fond des choses, il n’y a ni mots ni phrases, ni rien autre chose que ce qui anime ces voiles ! La pensée seule apparaîtra… l’impression de l’œuvre seule restera !… Entre ces prétendus poètes, je suis comme un vivant parmi les morts, un homme parmi des singes, un lion dévoré par des rats. Jésus-Christ m’a montré la route : je sais comment les hommes accueillent un Dieu. J’aurai le sort des prophètes. Je me résigne à ce que l’homme se moque, à mon sujet, de ma pauvreté… Car si j’étais riche, — ah ! quel grand poète ils me trouveraient, l’émule, au moins, de M. Tom Craik, l’auteur des… l’immortel nom m’échappe…

» Allons ! Comme j’ai mal à l’estomac, mon Dieu ! Mais, c’est peut-être un peu — la faim ? Allons, ce n’est rien. D’ailleurs, vous devez être à jeun mes filles, vous aussi ? Car, si je me rappelle, il n’y a plus rien ? Donc, rendons gloire à Dieu. Les saints ont peu mangé… Ce ridicule est moins pé-