Page:Villiers de L'Isle-Adam - Nouveaux Contes cruels.djvu/247

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nible que l’indigestion de ceux dont l’espièglerie misérable nous vole le nécessaire… Écrivez. Pourquoi ne dites-vous rien ? Êtes-vous là seulement ?

» Nous les plaignons d’avoir été assez bêtes pour se donner un mauvais estomac à force de rire de notre jeûne : chacun son lot : ce sont des gens qui ne trouvent rien de plus doux à leur être ni de plus divertissant que d’escamoter le pain de leurs frères, — pour ricaner de les voir maigrir, faute d’aliments. Ils n’oublient qu’une chose, c’est qu’il est aussi ridicule de mourir d’indigestion que de faim, d’embonpoint que de maigreur, — et qu’ils mourront sans rire, même de nous.

» Ma fille, tiens, je t’en prie, je t’en supplie, — ne me fais pas parler davantage d’autre chose que de… Obéis-moi ! Je suis ton père ! tiens, me voici à tes genoux !

— Mon père ! voyez quelle exaltation ! Ce que vous faites est-il raisonnable ? Devant un pareil acte, comment penser que vous