Page:Villiers de L'Isle-Adam - Nouveaux Contes cruels.djvu/279

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vent à votre pensée noble et fidèle. Encore sous le poids d’un demi-siècle d’amertumes, si vous ne vous reprenez pas aisément à l’Espérance, nul ne saurait avoir, sans déroger, le triste courage de vous reprocher quelque inquiétude. Aussi sombre que soit votre mélancolie, vous ne compromettrez jamais, par le désaveu, l’éternelle cause royale, nous ne l’ignorons pas. Vous vous dites que, puisque le vieux signe de ralliement ne flottera plus devant nos yeux, il serait plus conforme à votre douleur de vous tenir quelque temps à l’écart en esprit d’un deuil légitime. Dédaigneux de tout blâme, vous trouvez loisible, en conscience, de considérer comme un devoir de vous récuser vous et les vôtres.

» Eh bien, je l’admettrais moi-même ! Oui, je pourrais admettre cette fidélité d’outre-tombe, si le nouvel élu, triomphant, n’avait aucun besoin de vos services. Il n’aurait rien à vous demander, vous rien à recevoir de lui.