Page:Villiers de L'Isle-Adam - Nouveaux Contes cruels.djvu/293

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

supposerons, comme l’on met un loup de velours noir et un domino, dans certaines soirées de la saison d’hiver, en un mot, par curiosité.

(De cette manière, nous aurons, l’une et l’autre, la liberté de parole qui sera si nécessaire, pour peu que vous poussiez la gracieuseté jusqu’à répondre, et vous prêter à ce jeu).

Voici la supposition :

Vous êtes une reine persane ; — je suis un prince lointain, que vos armées ont surpris et fait captif.

Familier, je porte à la cheville votre bracelet d’argent. — Ce soir, comme vos femmes venaient d’allumer les flambeaux, vous m’avez fait un signe.

J’ai dressé devant vous la grande plaque d’airain poli, votre miroir. Autour de lui sont entrelacées des branches d’ébène, sculptées de faces d’Esprits.

Accoudé au sommet, sur le front le plus affreux, moi, je rêve aux arbres titaniens