Page:Villiers de L'Isle-Adam - Nouveaux Contes cruels.djvu/58

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— Oui… ce bouquet, pour vous, de trois boutons de rose et — de ces brins de verveine.

— Vous êtes galant ! répondit, d’un ton léger, Sylvabel, en glissant les fleurs entre deux boutons de son corsage.

— C’est mon devoir ; et puis, la verveine préserve des accidents, dit froidement M. du Plessis.

Vaguement surprise, peut-être, de l’intonation presque sérieuse de son mari, l’élégante amazone le regarda ; — puis, impatiente :

— Partons ! reprit-elle, après un silence de deux secondes : nous déjeunerons là-bas dans une clairière, sur la mousse.

Durant les premières heures de la chasse, Gabriel ne prononça pas vingt paroles ; mais toutes respiraient la bonne humeur et la préoccupation du gibier. Il tua deux lièvres, un coq de bruyère et huit cailles, que mit en gibecière et en filet l’unique piqueur qui galopait derrière eux.