Page:Villiers de L'Isle-Adam - Nouveaux Contes cruels.djvu/92

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remit la lettre suivante, apportée de Nantes, par exprès :


« Chère abandonnée, je te dois six mois d’une illusion ravissante, je l’avoue ; mais, en te dévoilant, ce soir, tu as à jamais glacé pour toi les sens que cette illusion seule m’inspirait. — Certes, je n’ignore pas qu’aujourd’hui, surtout, il paraît indispensable (aux yeux de maintes personnes de ton sexe) d’être une brute pour être un « mâle », — et que les baisers semblent plus fades, à celles-ci, que les horions ; — mais comme, d’une part, entre les violents plaisirs auxquels, par simple jeu, peut se prêter notre sensualité, il se trouve que le propre de ceux dont, paraît-il, tu raffoles, est de détruire cette joie qui (seule et avant tout !) doit consacrer la vie à deux entre une compagne et son compagnon, et comme, d’autre part, si tu ne peux te passer de danses pour te figurer que tu m’aimes, je puis très bien,