Page:Villiers de L'Isle-Adam - Nouveaux Contes cruels.djvu/93

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moi, me passer, pour être heureux, d’administrer des volées à celle qui m’est chère, — j’ai dû m’enfuir, même sans chapeau, pour nous épargner tout échange d’aussi oiseuses que burlesques explications.

» Ainsi, fantasque enfant ! lorsque je te contemplais, dans les belles soirées, sous nos longues charmilles et que, transporté d’amour, je murmurais sur tes lèvres ce que mon cœur me suggérait, tu te disais, toi, tout bonnement, avec un profond soupir, en levant tes beaux yeux au ciel, dont ils semblaient mélancoliquement compter les étoiles : — Oui : mais, tout cela, ce n’est pas des bons coups de botte ?… Pauvre ange ! plains-moi, si, redoutant une gaucherie native, je ne m’estime pas assez parfait pour oser… ne fût-ce qu’essayer de te satisfaire. À chacun ses sens et ses désirs ! Je ne discute pas les tiens, ni leur aloi ; je déplore, seulement, de ne me juger, pour toi, qu’un aggravant garde-malade.